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Les membres palpitants des vaincus, des vainqueurs,
Qui des mères, vingt ans, a désolé les cœurs,
Ne le feras-tu pas, toi, ma noble patrie,
Pour rendre son éclat à la tombe flétrie
De ce héros fameux dont le bras indompté
Planta notre étendard sur la sainte cité ;
Au chemin de l’honneur qui guida notre armée,
Et sut rendre le calme à l’Église alarmée ?

Sur les parois du temple où ce grand guerrier dort,
Frères, allons inscrire en caractères d’or
Ses exploits et son nom, et que sa grande épée,
Qui dans le sang des Turcs fut si souvent trempée,
Et qui subit encore aujourd’hui tant d’affronts,
Brille d’un vif éclat près de ses éperons !

Lorsqu’on verra régner la paix la plus profonde ;
Quand un réseau de fer sillonnera le monde
Des bords de la Tamise aux rives du Jourdain ;
Quand dans tout l’univers l’Évangile divin,
Sur le peuple épanchant sa limpide lumière,
À longs flots versera le bonheur sur la terre,
Avec le remorqueur, aussi prompt que le vent,
Le Belge franchira les déserts du levant ;
Il ira visiter cette tombe sacrée,
Où jadis reposa la victime adorée,
Ce Jésus, qui, rendant à l’homme tous ses droits,
Sous un facile joug mit le faible et les rois ;
Alors, en contemplant, non pas sans quelques charmes,
Le marbre de celui qui fit briller nos armes :
« C’est ici, dira-t-il en parlant au Sauveur,
» Qu’attend le grand réveil cet illustre vainqueur
» Qui pour ta sainte gloire en dépensant sa vie,
» Rendit à tes enfants la liberté ravie ;
» Mais parmi tes élus, dans les palais du ciel,
» Il jouit maintenant du bonheur éternel.
» Ah ! Seigneur, si jamais ma patrie opprimée,
» Gémissant dans les fers, de douleur abîmée,
» Voulait en appeler au hasard des combats,