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Le magnanime Hector vole au-devant de lui ;
Sur les murs de la ville et sur la tour altière,
La crainte a rassemblé la ville toute entière.
C’est ici que d’Hécube on entendit les cris
Lorsque fut renversé son infortuné fils ;
À flots précipités, de ses flancs le sang coule ;
Achille, sous ses pieds, avec rage le foule ;
Il attache à son char ses restes palpitants,
Que trois fois ses coursiers, fougueux et hâletants,
Traînent rapidement autour des murs de Troie ;
Puis il livre aux vautours cette sanglante proie.
Mais ces lieux ruinés, d’un malheur plus affreux,
Autrefois ont été les témoins douloureux…

Mais où m’entraînez-vous, souvenirs de jeunesse,
Vous qui me rappelez ces jours pleins d’allégresse
Où, docile à la voix d’un savant professeur,
J’écoutais ses discours tout empreints de douceur,
Quand des héros de Troie il ornait le mensonge !
Hélas ! vous avez fui, temps heureux, comme un songe !
Mais toujours le bonheur, devant nous, ici-bas,
Comme une ombre légère, ah ! ne s’enfuit-il pas !…

Aujourd’hui d’Ilion quelle est la destinée ?
Au plus fatal oubli la voilà condamnée !
Du palais de ses rois quelques débris épars,
Du triste voyageur attirent les regards.
Le savant, pour guider sa recherche incertaine,
Dans ses poudreux vallons trouve une pierre à peine.
Sa ruine elle-même a péri. Cependant
Il est une cité dans le vieil Occident,
Ilion, qui te doit son antique origine ;
Sur ses temples sacrés la croix sainte domine ;
C’est la croix de Jésus : si tu veux, comme nous,
Devant elle, aujourd’hui, t’incliner à genoux,
Notre Christ te fera renaître de ta cendre ;
Tu perdis ta splendeur, il saura te la rendre ;
Si par lui ton désert est un jour visité,
Tu pourras, comme nous, goûter la liberté ;