Page:Matton - Le croyant, 1852.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 34 —

Des femmes, le sein nu, les yeux hagards, ardents,
Par leurs gestes impurs, pour captiver les sens,
D’une tremblante main qu’affaiblit la mollesse…
Ô Pudeur ! ô Pudeur ! ce spectacle vous blesse !…
Hâtons-nous de voiler ce tableau dégoûtant !!!
Sous les coups redoublés du tonnerre éclatant,
La salle du festin s’ébranlant dans sa base,
Sur ces voluptueux s’écroule et les écrase.
De ces infortunés entendez-vous les cris ?
Au sein de leur débauche, ah ! les voilà surpris !
Toujours ils ne songeaient qu’aux plaisirs de la terre ;
Leur crime, du Très-Haut irrita la colère ;
Ils pouvaient la fléchir par la voix du remords,
Ils ne l’ont point voulu : maintenant ils sont morts,
Ils sont morts au milieu de la débauche infâme,
Ils sont morts ! Cependant vit encore leur âme !
Ô vous qu’ont épargnés les divines fureurs,
Croyants qui déploriez leurs funestes erreurs,
Vous n’êtes point tombés dans le brûlant abîme
Que jadis sous leurs pas creusa la main du crime ;
Sur leur tombe venez, venez prier pour eux ;
Peut-être le Seigneur leur ouvrira les Cieux.


Séparateur


L’orage a retenti durant la nuit entière ;
Le soleil, épanchant une terne lumière,
Et perçant le nuage à l’horizon lointain,
Pour éclairer le monde, apparaît le matin ;
Son beau disque est souillé par des taches sanglantes ;
Cependant les enfants et leurs mères tremblantes
Appellent leurs époux, leurs pères, à grands cris,
Leurs pères que la mort a naguère surpris !
Dans la cité pompeuse, au milieu des villages,
Des êtres demi-nus, aux livides visages,
Hélas ! pour apaiser le tourment de la faim,
Cherchent en gémissant quelques débris de pain.
Du pauvre métayer le toit est solitaire ;
Sans fruits et sans moissons partout languit la terre,
Et la ronce qui croît au milieu de nos champs,