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Sur des jours envolés reportant un œil sombre,
Je vous disais mes maux et mes chagrins sans nombre ;
Mon âme parmi vous brillait au firmament,
Et bien loin avait fui mon horrible tourment.


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Ô vous, mes chers enfants, en votre âme fidèle,
Gardez bien de Jésus la morale immortelle.
Au milieu des méchants quand vous vivrez plus tard,
Laissez tomber parfois, mes amis, un regard
Sur les bien courts instants de votre heureuse enfance ;
Songez à ce temps où, rayonnant d’innocence,
Votre front s’inclinait devant le Tout-Puissant ;
Souvenez-vous alors de votre père absent ;
À nos sages leçons soyez toujours dociles ;
De la religion les sentiers sont faciles :
Suivez-les, mes enfants, ils conduisent aux cieux ;
Puissé-je vous y voir parmi les bienheureux !
Vous que j’ai tant aimés en cette vie amère,
Que la mort m’a ravis, ô mon père, ô ma mère,
Et toi, mon cher enfant, qu’un précoce trépas,
Hélas ! vint arracher tout-à-coup de nos bras !
Toi que j’ai vu mourir, mon fils, dans la souffrance ;
Toi sur qui je fondais ma plus douce espérance,
Toi que je pleure encore, oui, j’espère qu’un jour
Le Seigneur, près de lui, me rendra ton amour !
Ah ! mon bien-aimé fils, c’est la seule pensée
Qui soulage ici-bas ma poitrine oppressée !


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Aujourd’hui, si la foi, ce flambeau radieux,
De ses rayons divins n’éclairait plus nos yeux,
Sur l’océan du monde, égarés, sans étoiles,
Aux autans furieux nous livrerions nos voiles,
Sans pouvoir diriger, après un long effort,
À travers les écueils, notre nef vers le port ;
Sur l’onde ballottés par les vents et l’orage,
Bientôt nous la verrions s’éloigner du rivage,
S’abîmer pour toujours dans un gouffre béant,