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À calmer la douleur il dépense ses jours.
En Flandre, sous le toit d’une frêle chaumière,
D’une lampe s’éteint la tremblante lumière ;
La nuit étend partout son voile nébuleux ;
Sur un pauvre grabat gémit un malheureux ;
La mort, en épanchant ses pâles violettes,
Vient se fixer déjà sur ses lèvres muettes ;
Mais un prêtre fervent, qui lui parle du ciel,
Lui dépeint le bonheur du séjour éternel.
Le malade, en prêtant l’oreille à ce langage,
A senti dans son cœur renaître le courage ;
Le séjour des élus à lui s’est dévoilé ;
Il embrasse le Christ, puis il meurt consolé.


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Détournons nos regards d’un tableau lamentable ;
Accordons notre luth sur un ton plus aimable.
Des vallons et des bois célébrons les attraits,
Et l’onde murmurant sous des ombrages frais ;
Dans nos riants jardins, où l’abeille bourdonne,
Le printemps a tressé sa brillante couronne.
Nous avons vu les maux de nos Flandres en pleurs,
Dissipons nos regrets dans nos vallons en fleurs ;
D’un bonheur sans remords ils nous offrent l’image ;
En ville est le plaisir, la paix est au village.
Le soleil, qui sourit à l’horizon lointain,
Colore les coteaux des flammes du matin ;
Le berger vigilant guide vers la campagne
Les joyeuses brebis, que le chien accompagne ;
La poudre sous leurs pas s’élève en tourbillon ;
Déjà le laboureur trace un premier sillon.
Du temple du hameau le vieux vitrail scintille ;
De son svelte clocher la croix d’or dans l’air brille ;
Au voyageur lassé souvent il rend l’espoir,
Lorsqu’à travers la brume il apparaît le soir.
Non loin est le séjour d’un vénérable prêtre ;
Providence du pauvre, il apprend à connaître
Ce Jésus qui mourut pour nous rendre immortels,
Et tous les jours expire encor sur les autels.