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PROLOGUE.

Dans l’aveugle transport d’une injuste colère :
« À quoi sert, dit l’impie, un Croyant sur la terre ?
» Son cœur est satisfait quand il peut, chaque jour,
» Murmurer à genoux, sans haine et sans amour.
» Quelques mots incompris d’une vaine formule,
» Qu’inventa des humains la faiblesse crédule. »


À quoi sert le Croyant !!! quel mot injurieux !
Mânes de nos héros, de vos palais des cieux,
Descendez un instant, venez, ombres heureuses ;
Venez, découvrez-nous les blessures nombreuses
Dont vous fûtes jadis couverts en combattant,
Et dites à l’impie à quoi sert le Croyant !
Guerrier de mon pays dont le bras magnanime
Planta notre étendard sur les murs de Solyme,
Toi dont jadis Le Tasse a chanté les exploits,
Ô Bouillon, apparais aux appels de ma voix !
Aux yeux du mécréant fais brandir cette épée
Qui du sang musulman fut si souvent trempée,
Et dis-lui qu’aujourd’hui d’autres Croyants encor
Dignement porteraient cet instrument de mort.


Vous aussi qui savez, même au milieu des larmes,
En contemplant le ciel, trouver encor des charmes ;
Et vous, nobles mortels que l’on voit ici-bas
Soutenir pour le Christ tant de rudes combats ;