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Et bravement porter le sceptre dans sa main,
Sans desir de vanger l’assassinat germain.
Celuy qui d’Israel eut le troupeau en charge,
Du fleuve de Gosen fut tiré de la marge : (390)
Puis il fut du grand Dieu tant sçavant escholier
Qu’il brisa des tyrans le superbe colier,
Grand mareschal de camp, coronnel de l’armee,
Qui cerchoit le repos de la terre Idumee,
Sans navire Nocher, lequel fit abismer (395)
Son ennemy osard de marcher sur la mer.
Si nous avons laissé nos maisons et nos villes
Nos laineuses brebis, noz montagnes fertiles,
Un Dieu nous monstrera qu’il ne fait rien en vain,
Et que ce mal cruel servira de levain, (400)
Pour au dolent Isaac pestrir la nourriture
En paix et en repos du ciel sous la voulture.
Tousjours nous n’entendons forger les Aquilons
La gresle qui combat des mers, et des valons,
Tousjours dessus les mers on n’esprouve l’effort (405)
De l’orageux Balais qui effroye le Nort,
Tousjours le grand Jupin de son sein ne desserre
Pour escrouler ce Tout les fureurs du tonnerre,
Tousjours l’hyver ne dure, et les aspres glaçons
Comme lingots ne sont pendus à nos maisons, (410)
Apres le trine obscur d’une nuit ennuyeuse
Le beau Soleil nous rend sa clarté lumineuse,
Tousjours l’air courroucé sur nous ne vomira
L’eau, le fer, ni le feu, il se serenera,
Dieu nous soulagera, et des rais de sa grace (415)
Il reluira un jour à sa fidelle race.