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combattit aisément. Mais que mit-il à la place du système abattu sous ses pieds ? Je l’ai dit, dans son désir de « ramener l’harmonie entre le moi et le monde, l’idée et la substance, » M. de Schelling remonta d’un bond a Spinosa, que ses compatriotes ressuscitaient en quelque sorte sur la fin du dernier siècle, et dont ses amis et ses ennemis, Jacobi, Hegel et Paulus, s’occupaient avec une attention égale. Il le lut et le médita avec une grande attention, et sans doute il y avait quelque parti à tirer de cette étude, mais c’était encore du scolasticisme. Or il fallait sortir du scolasticisme d’Iéna et de Kœnisberg, et retourner à Descartes et à Bacon, à Aristote et à Platon, sans passer par le panthéisme d’Amsterdam et se perdre dans celui d’Élée. Mais aller à Spinosa et à Xénophane pour échapper à Kant et à Fichte, et aboutir à un idéalisme objectif en fuyant un idéalisme subjectif, c’était procéder avec plus de témérité que de bonheur, et tomber sur un remède pire que le mal. M. de Schelling a eu le malheur d’être entraîné