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cavalièrement tout ce qui n’est pas le moi, relâcher tous les liens qui rattachent l’âme au monde où s’accomplit sa destinée première, et à l’Être suprême qui lui réserve sa destinée dernière, pour l’étudier, abstraction faite de tout ce qui la modifie et de tout ce qui fait décile ce qu’elle peut devenir de plus grand, c’était assurément imprimer à la saine méditation une direction fâcheuse et tenter dans la création une scission violente. C’était mettre une sorte d’ombre en place d’un être plein de vie dans l’imposant ensemble où il a été mis par son auteur, et plein de puissance dans chacune de ses merveilleuses facultés. L’âme, en effet, ou le moi, si l’on veut, est plein de vie dans ses rapports avec Dieu qui l’a fait, et plein de puissance dans ses rapports avec la nature dont l’empire lui est délégué par son divin auteur.

Le moindre vice de la philosophie idéaliste, philosophie toute scolastique, était donc de concentrer la pensée sur un seul objet ; le plus grand, c’était l’isolement où elle jetait l’âme,