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thode jusqu’au bout, on s’arrêtait à moitié chemin, on n’étudiait que le moi, le moi abstrait ou séparé des choses. Les choses, le monde, l’âme du monde, le principe qui l’anime, étaient négligés. Là était une grande erreur, et la source de toutes les fautes qui avaient rendu la philosophie stérile, qui en avaient fait, entre les mains de Berkeley, de Hume, de Kant et de Fichte, une sorte de duel dans un rayon de lumière, le moi ; car ceux qui cherchaient tout dans le moi n’avaient pu aboutir qu’à l’idéalisme subjectif. La vérité est ailleurs, dans l’ensemble, l’univers (le πάν et le χόσμος).

Ce fut en ce sens qu’au début M. de Schelling dirigea toutes ses recherches. Nous venons d’esquisser son point de départ, voyons maintenant quel fut son point d’arrivée ; comment il trouva la réalité, en quel sens il fit jaillir le moi du non-moi, le sujet de l’objet ; s’il renversa l’idéalisme et anéantit le scepticisme en asseyant la science sur un fondement réel et assuré.