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de l’échelle, et dans la situation des écoles ce n’était pas chose aisée que de prendre cette attitude. C’était franchir d’un saut toute la philosophie du temps pour en venir, non à celle de Spinosa, mais au problème posé par Spinosa, l’unité de la nature et de l’intelligence qui la gouverne. M. de Schelling, sans prétendre faire abstraction de Fichte et de Kant, présenta hardiment, dans ses Idées sur une philosophie de la nature, cette doctrine de l’unité, ou de l’identité, qui fut son point de départ, la première forme d’un édifice philosophique auquel il n’a cessé d’en donner d’autres.

Ce point de départ était une grande innovation. Depuis Descartes, en dépit de tous les efforts qu’avait faits un disciple de ce philosophe, Spinosa, on faisait fausse route aux yeux du jeune penseur. On louait beaucoup, et avec raison, le créateur de la philosophie française d’avoir débuté par le moi, et vu d’abord ce qu’il est et ce qu’il peut, afin d’ailer ensuite à l’étude de l’univers. Mais, au lieu de suivre cette mé-