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Or ces objets sout rares. Dieu seul est le philosophe accompli. Pour l’homme, la clarté absolue n’est qu’une idéalité. C’est le but de la philosophie, et à ce but il doit aspirer sans cesse, mais il ne peut jamais se flatter d’y atteindre. Il doit presque redouter d’y toucher ; car pour lui ce but serait la fin de la philosophie, c’en serait le dernier terme. Où commence la clarté parfaite, commence la vérité absolue, et ce terme connu, il n’y a plus rien à chercher. Là cessent ensemble l’étude et la méditation, la foi et le doute ; car là règne la science, qui est au delà. La science est le dernier pas. Un jour la pensée humaine fera ce pas, mais elle ne le fera que dans l’éternité. Dans le temps sa destinée est l’étude et la méditation, le doute et la foi, c’est-à-dire cette immense région entre l’obscurité et la clarté, l’ignorance et la science, qu’il s’agit d’éclairer dans le cours des siècles des rayons de lumière qu’il est dans les desseins de la Providence d’accorder à chaque époque.