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qui avait succédé à leur chef dans la chaire d’Iéna. Les Kantiens lui en voulaient par la raison que sa belle poésie, car il en mettait dans la science, éclipsait la rude prose du patriarche de Kœnigsberg. Un Kantien, Fries, qu’il avait laissé mal mener par Hegel, le traita avec une grande sévérité. Au surplus, cela n’avait rien de grave. En Allemagne, les jeunes philosophes et les jeunes philologues débutent volontiers par une polémique violente contre ceux dont ils envient les places et la renommée.

Je viens de parler de la langue poétique du philosophe. Jusque-là M. de Schelling ne s’était occupé que d’études morales et physiques. Les travaux de littérature et d’art eurent leur tour. Ils ne lui étaient pas demeurés étrangers. Il avait professé à Iéna et à Wurtzbourg celle branche de la philosophie que l’Allemagne nomme Esthétique, et qui est la théorie rationnelle des belles-lettres et des beaux-arts. M. de Schelling s’était occupé aussi de l’étude des beaux-arts à Dresde, et familiarisé avec les