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opinions et ses tendances n’eurent encore rien de spécial. À cette époque, vers 1796, Kant régnait généralement dans les écoles, et Fichte, qui avait fait un grand pas sur son maître, commençait à jouir d’une certaine célébrité. Ce fut la doctrine de Kant, modifiée par Fichte, que Schelling parut adopter dès qu’il appliqua un peu librement à la philosophie le résultat de l’étude qu’il venait de faire des sciences mathématiques et physiques. M. de Schelling peut avouer ses premiers attachements pour Fichte, car Fichte ne s’est pas gêné de lui faire des emprunts à son tour. Il était impossible que le jeune penseur ne subit pas l’influence d’un écrivain aussi brillant que Fichte, dont le premier ouvrage même avait passé pour être de Kant.

Fichte avait d’ailleurs, comme tout le monde, les défauts de ses qualités. La hardiesse de son génie en égalait l’élévation. Il poussa cette hardiesse jusqu’à la témérité, et comme rien n’éclaire plus sur les vices d’un système que les vices d’une intelligence, le jeune Schelling ne