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tages qu’elle alloue à ses autres enfants ? En d’autres termes, l’état social, après avoir retiré tous les droits qu’il a donnés, peut-il prendre jusqu’à celui qu’on ne tient pas de lui, le droit de vivre ? Peut-il vous ôter jusqu’au droit de vivre enchaîné, exilé, proscrit ?

Il est évident que l’état social n’a droit de vie et de mort que sur le citoyen, et qu’il n’a pas droit de vie et de mort sur l’homme. Retrancher de l’humanité au lieu de retrancher de la société, ce n’est plus exercer un droit social, c’est usurper un droit divin. C’est, non pas anéantir un ouvrage de Dieu, cela est heureusement impossible à l’homme, mais c’est envahir la providence de Dieu et sa compétence, c’est briser sous ses yeux un anneau de cette grande chaîne qu’il a faite pour des desseins élevés au-dessus de notre intelligence, et contre lesquels nous ne pouvons avoir droit de vie et de mort que par une délégation formelle, permanente. Or, cette délégation est bien dans la loi de Moïse, mais elle n’est plus dans celle qui est venue la modifier.