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ajoute, a toutes les peines qu’elle lui inflige, celle de te retrancher du corps social sans le rendre à lui-même, de le déclarer civilement et politiquement mort, et de le traiter comme tel.

Et nulle société ne peut exister sans cette terrible fiction de mort, à laquelle elle n’arrive néanmoins que par degré. Elle rend quelquefois le citoyen à lui-même ; elle le met du moins à la porte de l’État, sauf a d’autres a l’accueillir. Mais ce transport ou ce renvoi au seuil de l’étranger, c’est une grâce, c’est une faveur. Quand le tort dont elle se plaint lui parait majeur, elle ne bannit pas et ne déporte pas, elle enferme le coupable et tire sur lui le rideau de l’éternité. C’est ainsi qu’elle arrive à le déclarer mort.

La société doit-elle avoir contre l’homme un droit de plus ? Ne peut-elle exister sans avoir celui de passer de la fiction à la réalité, et d’ôter la vie au membre du corps social qui a violé une de ses lois et qu’elle juge indigne des avan-