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seconde. Je dis de prétexte, car le fait que l’homme désira manger de l’arbre de la science afin de devenir semblable à Dieu, ne prouve pas que l’homme ait ambitionné dès lors ce qu’il ambitionne aujourd’hui, la science de Dieu.)

Quoi qu’il en soit, la chute de l’homme est considérée dans cette doctrine comme un fait important. L’effet en fut aussi sensible pour le monde que pour l’humanité. Il était dans le pouvoir de l’homme de maintenir le monde en Dieu. En se mettant à la place de Dieu, il posa le monde pour lui, mais hors de Dieu. Le monde fut désormais hors de Dieu. Quel est ce monde ? Est-ce l’humanité qu’on entend par ce terme de Menschenwelt, mot à mot monde des hommes ? Si ce n’est pas ce monde-là, comment la chute de l’homme a-t-elle séparé le monde de Dieu ? Et cependant il y a doute. En effet, le monde matériel lui-même est aussi détaché de Dieu ; ce n’est pas un monde pur et divin ; sans cela il ne serait pas nécessaire que l’homme s’en détachât ; au contraire, ce détachement serait une folie.