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monde, et que Dieu ne s’était pas manifesté avant la création, cela serait très pur. Mais telle n’est pas la pensée du philosophe. Jésus-Christ avant de revêtir l’humanité, comme dit la foi, était une sorte de milieu entre elle et la Divinité. Il n’était plus égal à Dieu comme avant la création (où Dieu n’était pas Dieu !) ; il était par suite de la chute de l’homme dépouillé de cette égalité ; il était, comme le dit un apôtre : « en forme de Dieu, έν μορφη θεου. » Cette expression, pleine d’un grand mystère, les théologiens ne l’ont pas comprise. C’est qu’ils l’ont rapportée à la seule condition de l’abaissement dans l’incarnation, ce qui les a jetés dans l’erreur de l’identité du Fils et du Père, du Logos et de Dieu. M. de Schelling, pour prouver l’existence du Logos hors de Dieu, dans l’intervalle de la création à l’incarnation, cite le fait que Jésus-Christ ne s’unit avec le Saint-Esprit qu’au baptême, preuve qu’il en était séparé comme de Dieu lui-même !

Mais, je l’ai dit, c’est là interpréter les textes