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qu’ils égarent singulièrement ceux qui s’abandonnent à leur douteuse clarté. Qu’on en juge.

Le principe de tout est le Unvordenkliche (mot barbare et barbarement composé du radical denken, concevoir ; de deux préfixes, vor, avant, et un, ce qui ne se peut pas ; et d’un suffixe, lich, ce qui se peut) c’est-à-dire le principe est ce à quoi rien ne peut se concevoir d’antérieur, définition très bonne, qui peut s’appliquera Dieu, mais qui n’en serait que plus acceptable si elle était présentée dans des termes plus purs. Ce principe est le Blind existirende, ce qui existe aveuglement. Ces termes semblent rappeler la substance de Spinosa. Il est le Urgrund et le Abgrund, la cause première et l’abîme.

Ces mots paraissent empruntés aux gnostiques et à Jacques Bœhme, et ils ne répandent guère plus de lumière que les précédents sur le principe, la substance, l’être suprême, qui est en question. Dieu est assurément antérieur à tout ce que conçoit la pensée ; il exista dans un temps antérieur au temps et à la création, puisqu’il ne