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Or, de cette manière, la raison reprend tout le terrain qu’on lui avait dénié ; elle redevient juge du camp où elle était entrée en captive, les mains chargées de fers sacrés. Ce qu’elle explique, non seulement elle le comprend, mais elle l’approuve, elle l’adopte, et dès lors la révélation n’est plus au-dessus de l’esprit humain ; elle est sinon au-dessous, du moins sur la même ligne. Comment M. de Schelling a-t-il pu dire le contraire ? Il distingue et se sauve à force d’esprit. Elle était au-dessus de la raison avant de se manifester (à priori). Elle ne l’est plus depuis qu’elle est manifestée (à posteriori). On appelle cela une vaine distinction. Je ne connais rien de plus sensé. On oppose à M. de Schelling une assertion produite il y a quarante-cinq ans : « La raison non seulement a l’idée de Dieu, elle est cette idée. » Je ne connais rien de moins philosophique que cette assertion, qu’on trouve si sublime et qu’on oppose à son auteur avec tant de pompe. Elle est peu philosophique, car la raison n’est pas une idée, elle