Page:Matter - Schelling, 1845.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui, dans de singulières illusions, s’y cherche et s’y fuit lui-même. En effet, c’est soi-même qu’y poursuit l’esprit, qui sans cesse s’y fuit, car la terre idéale que nous cherchons apparaît à travers le monde sensible comme à travers des brouillards semi-transparents, comme apparaît le sens à travers les paroles. Le ravissant tableau dont vous cherchez à vous expliquer l’origine naît, pour ainsi dire, par cela qu’on enlève le mur invisible qui sépare le monde réel et le monde idéal. C’est tout simplement une ouverture qui permet aux figures et aux régions du monde idéal (phantasien-welt), imparfaitement réfléchi dans le monde réel, de se montrer dans toute leur grandeur. La nature n’est donc pour l’artiste que ce qu’elle est pour le philosophe, le monde idéal apparaissant toujours limité, le reflet imparfait d’un monde qui n’est pas hors de lui mais en lui. (La nature n’est que dans le philosophe, que dans l’artiste ; elle n’est pas hors de lui. Il faut se rappeler que la philosophie