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circonstance grave. J’entends l’existence d’une autre classe d’Agents, voisins des premiers, mais moins dignes qu’eux de notre confiance, plus empressés d’en jouir, et cela sans doute pour en abuser. C’est là ce qui rend notre tâche difficile, car il nous faut veiller nous-mêmes à ce que font les premiers et ne pas trop nous en remettre à leur sollicitude pour nous. « Gardons-nous, dit Saint-Martin à son ami, de nous reposer trop sur eux. Ils ont des voisins qui agissent aussi sur cette même région, et qui ne demandent pas mieux que de s’emparer de notre confiance, chose que nous sommes assez disposés à leur accorder, en raison des secours extérieurs qu’ils nous procurent, ou que, plus souvent encore, ils se contentent de nous promettre. »

On le voit, la foi de Saint-Martin dans la théorie des Agents et dans celle des voisins dangereux reste entière, encore après son séjour à Lyon, à Paris et à Strasbourg. Toutefois, sa pratique, l’usage qu’il fait de sa foi, s’est modifiée profondément dans cet intervalle, et il tient plus que jamais au second point, à la réintégration dans notre nature primordiale et à notre retour vers l’union avec Dieu.

Saint-Martin nous fait connaître lui-même où il en était à Bordeaux en 1766 et où il en est vingt-cinq ans plus tard.

« Je ne regarde, dit-il en 1792, tout ce qui tient à ces voies extérieures (il entend les opérations théurgiques pour s’assurer l’assistance des Agents en ce qui concerne le corps) que comme les préludes de notre œuvre. Car notre être étant central — dans la théorie de Martinez tous les êtres sont émanés du centre, ou,