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marquées par la raison, et tout théosophe qui franchit l’Évangile pour se mettre en communication avec le monde des esprits en vient là, soit par une théurgie spéciale, par une méthode de contemplation directe, ou par des habitudes de prière et d’extase quelconques.

Mais dom Martinez fut-il contemplatif, extatique ou théurgiste ?

Il fut un peu tout cela, si ce n’est quelque chose de plus encore et de moins sublime.

Son traité n’expose que la première moitié de son système, mais ce n’en est pas la moins intéressante, puisque c’en est la plus franche, celle sur laquelle en sa qualité de chrétien peu sûr il pouvait le mieux s’expliquer. En effet, il s’y étend avec complaisance sur la théorie de la chute des êtres et sur celle des conséquences de ce grand fait, tandis qu’il n’aborde pas réellement la réintégration et ses suites qui devaient être le véritable objet de son travail. Ce qui paraît l’avoir arrêté en route, c’est qu’il aurait fallu, en traitant de la réintégration, accepter la personne du Christ d’après les textes sacrés ou la masquer suivant ses traditions secrètes, deux partis dont l’un et l’autre devenaient pour lui également difficiles.

Quant à la chute, ses révélations, si ce mot peut s’employer, sont ambitieuses, comme sont imposants les objets qu’elles touchent. Ce n’est pas de la terre seulement ou d’un peuple, fût-ce celui de Dieu, qu’il y traite, c’est de l’univers, de tous les êtres, du monde divin comme du monde humain. Et ce n’est pas lui, l’homme du dix-huitième siècle qui parle, c’est le plus