Page:Matter - Saint-Martin, le Philosophe inconnu, 1862.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sa création, qu’il emprunte de ses maîtres les plus chéris.

Du collège il passa à l’école de droit, celle d’Orléans, je suppose, qu’il ne nomme pas. Il est à ce point discret sur les années qu’il y passa et sur les études qu’il y fit que nous ne savons qu’un seul fait à ce sujet, celui « qu’il s’attacha plutôt aux bases naturelles de la justice qu’aux règles dé la jurisprudence, dont l’étude lui répugnait. » C’est un de ses biographes, M. Gence, qui le dit, et cela se comprend. C’était de l’époque. Et Saint-Martin, sans le vouloir, nous donne le secret de ces antipathies, qu’il partagea d’ailleurs avec tant d’autres étudiants du temps qui aimèrent mieux rêver Sur les bancs de l’école aux futures grandeurs du poëte, du guerrier, de l’écrivain, du philosophe ou de l’homme d’État, que d’appliquer leur attention à la science sévère. La science sévère n’est, après tout, même sous ses formes les plus rebutantes, s’il en est qui méritent cette épithète, que celle des lois morales du monde, c’est-à-dire des bases naturelles de la justice. Mais l’appareil sous lequel la parole académique la présente quelquefois, peut la faire méconnaître à des jeunes gens un peu gâtés par l’éducation qu’ils ont reçue ou par les lectures qu’ils ont faites. Saint-Martin était de ce nombre. Il nous apprend lui-même que, dès l’âge de dix-huit ans, il avait lu les philosophes à la mode. Cela étant, on conçoit fort bien ses antipathies d’étudiant. Vers 1760, les écrivains en vogue se nommaient Montesquieu, Voltaire et Rousseau. Or, quand on avait pris l’habitude d’entendre sur les lois et les mœurs de tels maîtres, il était tout simple