Page:Mathorez - Les Étrangers en France sous l’ancien régime, 1919, v1.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PRÉFACE


Parlant des origines de la population française, un diplomate, philosophe et ethnographe, le comte de Gobineau, écrivait qu’elle est formée à la base d’un mélange de races qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.

Cette proposition est incontestable ; pour se convaincre de sa véracité, il suffit de parcourir les œuvres des érudits et savants qui, depuis cent ans, ont précisé et complété les notions que possédaient déjà nos anciens historiens sur la diversité des éléments ethniques constituant le fonds de notre population. Les travaux des anthropologues, des ethnographes, des archéologues, des épigraphistes, des philologues et des historiens, ont permis d’assigner aux hommes qui, depuis le vie siècle avant l’ère chrétienne jusqu’à la dernière invasion des Normands, habitèrent le territoire que nous appelons France, la part proportionnelle leur revenant dans la formation de notre nationalité.

Prétendant retracer la manière dont, aux environs de l’année 1792, s’était constituée notre population, il eut été logique, en utilisant ces œuvres variées, de retracer son histoire dès ses origines, mais supposant connues les grandes lignes de celles-ci, je n’ai point, pour le moment, l’intention de m’y arrêter. Mon but est d’étudier la manière dont, à cet agrégat d’éléments multiples sont venus s’adjoindre de nouveaux apports de population à dater de l’époque où s’esquissaient et se constituaient les différentes nationalités composant l’Europe moderne.

La population française est essentiellement alluvionnaire ; de toutes parts, elle a reçu des apports étrangers et l’histoire des colonies foraines qui se sont formées en France n’a, jusqu’ici,