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LES CORDELIERS AVANT VARENNES

mensuelles assez onéreuses elles aussi[1]. Aux Cordeliers, la cotisation ordinaire qui donne droit à la carte de membre actif est de une livre quatre sols, soit deux sols par mois[2]. C’était un prix abordable aux petites bourses.

Les bourgeois, les gens aisés, gardent cependant sur le club une influence prépondérante. C’était fatal en un temps où ils étaient seuls en possession de l’instruction. Quand la section du Théâtre-Français nommera, au moment même de la fuite à Varennes, ses représentants à l’assemblée électorale du département, elle les choisira, à une exception près, parmi les membres du club[3]. Or. nous savons que pour être électeur, il fallait alors justifier d'un cens.

Parmi ces Cordeliers qui devinrent électeurs et qui sont ainsi désignés comme des personnages marquants, les hommes de loi dominent : Garran de Coulon, qui deviendra président du tribunal de cassation ; Danton, ci-devant avocat aux conseils et alors administrateur du département : Pons (de Verdun), juge au tribunal du Ier arrondissement ; Boucher de Saint-Sauveur, Callières de l’Etang, Dubail, Camille Desmoulins. Puis viennent les hommes de lettres, les journalistes qui vivent de leur plume : Dulaure jeune, Fréron, N. de Bonneville ; les imprimeurs : Momoro, Brune[4], Duplain ; les artistes : Sergent, qui est graveur, Wille, fils de peintre, peintre lui-même[5] ; les commerçants qui forment un groupe compact : Berger, limonadier, Lohier et Thourillon, épiciers, Mallebay de la Marche, parfumeur[6]. Cailliez, serrurier, Lawalle l’Écuyer, négociant. Le Clerc Saint-Aubin, négociant. Un électeur, Brochet, est simplement qualifié de citoyen.

  1. ↑ Au club fayettiste de 89, le droit d’entrée était de 100 livres (déposition de Bailly dans le procès de Marie-Antoinette, Moniteur, XVIII, p. 155).
  2. ↑ D’après l’arrêté du club que nous publions plus loin, p. 63.
  3. ↑ Journal du Club des Cordeliers, no 3, p. 26. Charavay, Assemblée électorale, 1791-1793, p. VIII et suiv., p. 54-55. Le seul électeur de la section n’appartenant pas au club paraît être le curé de Saint-André des Arcs, Clausse, nommé le 23e sur 26.
  4. ↑ Brune habitait Cour du Commerce à côté de Danton. C’est le futur maréchal de France.
  5. ↑ Le peintre Wille père a laissé des mémoires intéressants.
  6. ↑ C’est le même homme dont le nom est orthographié Malbé Lamarche dans le bail du Musée : cf. plus haut, p. 4.
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