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LES CORDELIERS AVANT VARENNES

rités, ils saisissent l’opinion par des placards, ils viennent en aide aux familles des victimes par des souscriptions, etc. Bref, ils sont un groupement d’action et de combat. Ainsi, ils restent fidèles à la tradition de l’ancien district des Cordeliers qui protégeait Marat contre les records du Châtelet, au besoin à force ouverte. Ainsi, ils restent en contact avec le peuple des travailleurs et des petites gens, continuellement et directement intéressés à leurs démarches.

Le 28 septembre 1790, ils interviennent avec la section de Mauconseil en faveur des cavaliers du Royal-Champagne congédiés en masse pour insubordination[1] ; le 6 décembre de la même année, ils prennent la défense des écoliers irlandais accusés à tort d’avoir profané l’autel de la patrie[2] ; le 26 janvier 1791, ils nomment des commissaires pour surveiller une fabrication de poignards qui leur est suspecte[3] ; en mars, ils dénoncent au directoire du département les moulins de Corbeil[4] ; en avril et mai, ils font des démarches au sujet de la dénonciation d’un piqueur aux ateliers de Charité, Ruteau, qui avait raconté que les aristocrates distribuaient de l’argent pour faire massacrer les Jacobins[5] ; en avril encore, ils envoient une députation à une caserne[6], ils protestent à la municipalité contre l’arrestation arbitraire de certains de leurs membres[7], ils prennent le malheureux Rotondo sous leur protection et sollicitent le concours du Cercle Social en sa faveur[8] ; en juin, ils viennent en aide au défenseur de Santerre, à l’occasion du procès de celui-ci contre un aide de camp de Lafayette[9]. Après la fuite du roi, la gravité des circonstances ne les empêche pas d’entendre de nombreuses plaintes particulières : le 29 juin, un palefrenier du ci-devant roi destitué pour son civisme, un invalide qu’on refuse d’inscrire dans l’armée auxiliaire[10]. On leur fait un

  1. Sigismond Lacroix, Actes, 1e s., t. VII, p. 252-253.
  2. Id., 1e s., t. I, p. 460.
  3. Id., 2e s., t. II, p. 795-796.
  4. Id., 2e s., t. III, p. 337-338 et p. 474, note 5.
  5. Id., 2e s., t. III, p. 372-4.
  6. Id., 2e s., t. III, p. 747.
  7. Id., 2e s., t. IV, p. 83-84.
  8. Bouche de fer du 24 mai 1791.
  9. S. Lacroix, 2e s., t. III, p. 66.
  10. Voir plus loin, à leur date, les procès-verbaux des séances du club.