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LES CORDELIERS AVANT VARENNES


du fond aux cinq croisées. Ce n’est qu’au début du mois de juin que le club entra en possession de son nouveau local[1].

II

Les Cordeliers se distinguent des autres clubs patriotes par une physionomie particulière.

Les Jacobins sont à l’origine une réunion de députés qui se concertent pour préparer les votes de l’Assemblée et pour assurer ensuite leur exécution. Même quand ils s’ouvrent aux simples particuliers, l’élément parlementaire continue d’y prédominer. Les cotisations élevées exigées à l’entrée en éloignent les petits bourgeois. Par le réseau de leurs sociétés affiliées comme par la qualité de leurs membres dirigeants, ils répandent leur influence sur toute la France. Les Jacobins doivent à leur recrutement d’être un club parlementaire et bourgeois et à leur organisation d’être un club national. Le Cercle social, qui groupe, une fois par semaine, au cirque du Palais-Royal depuis octobre 1790, les Amis de la Vérité, est avant tout une académie politique. On ne s’y occupe en public qu’accessoirement ou extraordinairement d’objets particuliers. Les séances sont remplies par des discussions de principes, par l’exposé de plans de cité future, par de véritables conférences, politiques sans doute, mais à tournure philosophique[2]. Les assistants sont des invités. Ils ne prennent pas part à la direction du club qui reste aux mains d’un directoire secret, le Cercle social proprement dit, loge maçonnique dont Nicolas de Bonneville, esprit fumeux et

    François Paul Lépreux, Jean Honoré Dunouy, Laloi. François Barere, Charles Nicolas Joseph Caillez et Jean Decault (M. Aulard a lu Colin, Denoiiy, Baron. Il a fait de Malbé-Lamarche, deux individus distincts. Dans le texte même, il a passé le mot Hilaire).

  1. C’est ce qui résulte d’une note du Creuset du 9 juin 1791 à la suite d’une adresse du club pour protester contre le décret du 10 mai restrictif du droit de pétition. L’adresse, dit le journal, a été lue à la séance que les Cordeliers viennent de tenir dans leur nouveau local de la rue Dauphine.
  2. L’abbé Fauchet y exposa et y discuta pendant dix séances les prmcipalcs idées du Contrat social, au moment où l’Assemblée votait la Constitution.