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LE CLUB DES COBDELIERS



Mazarine[1]. Le 15 mai, il tint une réunion extraordinaire dans l’ancien couvent des Grands-Augustins, salle des payeurs de rentes, dans le local même où avaient lieu tous les cinq ans les assemblées du clergé. Il émigra les jours suivants dans la vaste salle de bal du sieur Cirier, rue des Boucheries Saint-Germain, non loin de la boutique du boucher Legendre, l’ami de Danton. Il parvint enfin à louer, le 18 mai, par un bail en règle, le local du Musée, hôtel de Genlis, rue Dauphine[2]. Il devait y rester pendant la plus grande partie de son existence.

Le principal locataire de l’immeuble, Metzinger, avait sous-loué aux Cordeliers, moyennant 800 livres par an, deux grandes salles au rez-de-chaussée. L'une donnant sur le jardin Lelièvre par cinq croisées, l’autre attenante donnant sur la cour Hilaire par deux croisées, une grande antichambre ayant son entrée dans ladite cour et un petit cabinet propre à servir d’archives[3]. Les réunions se tenaient dans la salle

    «deux jours dans l’église» sans doute avant le 12 mai, enfin au jeu de paume, rue Mazarine, à la salle des Grands-Augustins et chez Cirier.

  1. Jeu de paume dont l’emplacement est resté longtemps marqué par l’ancien passage des jeux de paume, entre la rue Mazarine et la rue de Seine, en face de la rue Visconti (note de M. S. Lacroix, Actes, 2e s., t. VI, p. 65 1).
  2. Le Musée de Paris, sorte d’académie littéraire et scientifique et de société de conférences, est trop connu pour qu’il soit besoin d’en parler ici. — L’hôtel de Genlis portait le n° 24 de la rue Dauphine, ainsi qu’il résulte d’une annonce du Moniteur du 1er décembre 1807, p. 1294. Cette annonce, que m’a signalée M. Lazard, le sympathique archiviste du département de la Seine, est ainsi conçue : «Soirées d’autrefois, [rue Dauphine, ex]-rue de Thionville, no 24, maison du Musée, aujourd’hui à sept heures et demie, M. Thiémet donnera des ombres impalpables, le Ventriloque en voyage, les Derviches, le départ de Nicaise. Pour la première fois, on entendra M. Constant sur sa flûte vocale. Les Soirées auront lieu tous les lundi et vendredi». L’hôtel de Genlis est aujourd’hui démoli et remplacé par une maison neuve, portant le no 24, la numérotation n’ayant pas changé. Il est intéressant de noter qu’après avoir abrité le Musée, l’assemblée révolutionnaire des Électeurs dans les jours qui précédèrent le 14 juillet 1789 et le Club des Cordeliers, le même local, avant de devenir salle de spectacle, servit de temple aux Théophilanthropes (cf. mon livre sur la Théophilanthropie, p. 179).
  3. Le bail conservé dans les papiers de Fournier l’Américain (Arch. nat. F7 6504), a été publié, avec des fautes de lecture, par M. Aulard dans la Révolution française (t. XXVIII, p. 493-4j. Les commissaires du club qui ont passé le bail étaient Claude Fournier, J.-B. Coqueret, Guillaume Michel Moulin, Antoine Collier, Charles Kaiser, Louis Malbé Lamarche,