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LE CLUB DES COBDELIERS


citoyen doit son origine». Ainsi s’expriment les dirigeants du club dans une adresse apologétique qu’ils firent paraître après le massacre du Champ de Mars[1]. M. Aulard a pris cette affirmation à la lettre. Il croit que le club fut fondé en juillet 1790, quand les districts firent place aux sections[2]. Il est très probable que le club existait déjà au mois d’avril, sous le titre abrégé de «Club des Droits de l'Homme». Le plus ancien témoignage de son existence, son acte de naissance jusqu’à nouvel ordre, est l’arrêté du 27 avril 1790 par lequel il définit son programme[3]. L’adresse apologétique du 4 août 1791 permet de croire que cet arrêté, le plus ancien connu, ne fut en réalité que le second en date. L’adresse s’exprime ainsi : «Ils adoptèrent pour sceau de la société l’œil, emblème de la surveillance, ils se déclarèrent les amis des droits de l’homme et du citoyen, enfin, par arrêté subséquent, ils se sont consacrés à la défense des victimes de l’oppression et au soulagement des infortunés». L’arrêté subséquent est celui du 27 avril 1790.

Le Club des droits de l’homme ne doit faire qu’un seul et même groupement avec la « société des droits de l’homme », dont le Cercle Social, publication périodique de Nicolas de Bonneville, inséra, dans sa 10° livraison, un arrêté dont l’objet était de protester contre la procédure du Châtelet sur les journées des 5 et 6 octobre 1789[4]. En tout cas, à partir de juin 1790, le club apparaît sous son nom complet de Société des amis des droits de l'homme et du citoyen.

Le club tenait déjà ses séances dans une salle du couvent

  1. Cf. plus loin p. 161 cette adresse datée du 4 août 1791.
  2. Cf. dans la Grande Encyclopédie l’article Cordeliers. — Le décret du 21 mai sanctionné seulement le 27 juin supprima les 60 districts de la capitale et les remplaça par 48 sections.
  3. Cet arrêté, inséré dans le Moniteur du 5 mai, est signé Dufourny de Villiers, président et Dulaure, secrétaire.
  4. Cercle social, 10e livraison, pages 387 à 341. L’arrêté, non daté, non signé, est postérieur au 23 avril. Il débute par un réquisitoire contre le Châtelet et se termine par une invitation aux districts «pour les engager à se réunir à l’effet de présenter une adresse à l’Assemblée nationale, où elle seroit suppliée d’interdire la connoissance des crimes de lèze-nation au Châtelet, de suspendre, quant à présent, la poursuite des excès du 5 octobre et d’en envoyer la connoissance au Tribunal de Haute-Cour nationale qu’elle se propose d’établir».