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Qu’ils viennent, qu’ils viennent bien vite à Paris, cimenter les liens de la fraternité ! c’est alors que nous leur montrerons ces piques immortelles qui ont renversé la Bastille ; ces piques qui ont fait tomber en putréfaction la commission des douze et la faction des hommes d’État, ces piques qui feront justice des intrigans et des traîtres, de quelque masque qu’ils se couvrent et quelque pays qu’ils habitent. C’est alors que nous les conduirons au pied de ce jeune chêne où les Marseillais et les sans-culottes des départemens abjurèrent leur erreur, et firent serment de renverser le trône. C’est alors enfin que nous les accompagnerons dans le sanctuaire des lois, où d’une main républicaine nous leur montrerons le côté qui voulut sauver le tyran et la Montagne qui prononça sa mort.

Vive la vérité, vive la Convention nationale, vive la république française !


L’assemblée générale de la section des Gravilliers, après avoir entendu la lecture d’une adresse ferme et énergique sur l’accaparement et tendant à demander à la Convention un article pour la répulsion de l’agiotage, a adhéré unanimement à cette adresse qui a été rédigée par le citoyen Jacques Roux, elle en a ordonné l’impression au nombre de mille exemplaires, et l’envoi aux départemens et sociétés populaires.

Fait en assemblée générale, ce 23 juin 1393, l’an 2 de la république française.

Signé : Leroy, président ; Boesset, Lebel, secrétaires.

La Montagne était en défiance contre les Enragés depuis qu’ils avaient excité l’émeute du 25 février ou journée du savon, ainsi appelée parce que des bateaux de savon avaient été pillés sur le port. À diverses reprises déjà, Marat et Hébert avaient mis leurs lecteurs en garde contre Jacques Roux qu’ils représentaient comme un intrigant ou quelque chose de pis, comme un agitateur stipendié par l’aristocratie.

L’adresse que Jacques Roux vint présenter à la barre le 25 juin déchaîna de violentes protestations, À diverses reprises Collot d’Herbois qui présidait dut intervenir pour calmer les interruptions. Jacques Roux termina au milieu d’un déchaînement d’insultes. Collot d’Herbois lui fit une réponse méprisante où il le traitait sans ambages de « partisan de Cobourg », Thuriot renchérit. Jacques Roux, ce prêtre, était « Le digne émule des fanatiques de la Vendée ». Il fallait que le