complaisamment une moustache raidie de cosmétique, et, d’un air satisfait, il contemple alternativement la femme en deuil et ses bottines trop claires.
J’examine la petite fille.
Horreur ! Dans ses pauvres yeux tristes, je vois passer l’affolement épouvanté… le même, oui, juste le même que j’avais vu jadis dans les yeux de son père quand le petit homme, en pensant à elle, sanglotait dans la forêt sur ses jambes tremblantes…
Je n’ai pas pu continuer ; j’ai bredouillé quelque chose et je me suis enfui.
— Pardon, interrompt le jeune homme blanc, notre voisin, la veuve était-elle jolie ?
— Oui, pourquoi ? fait sèchement Coupal.
— Il fallait alors rester, dit le godelureau.
Le vent cesse d’appliquer sur le corps du boy sa blouse mince. Et, brusquement, le regard de la femme s’en détache.
— Partons, fait-elle, en reprenant le bras de son cavalier.
Sa voix, de fluette était devenue rauque…
Et, là-dessus, à nouveau, la nuit africaine vient nous souffler à la face son haleine de parfum pourri.
Buta, Avril 1918.