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— Vous y êtes, fit Coupal, ce petit malchanceux était pincé et, quand il vit que je l’avais deviné, il ne s’en cacha plus.

Le pharmacien du Kivu, à défaut de médecin, après examen au microscope du sang de Van den Eynde lui avait affirmé son cas d’un coup, en brute qu’il était.

Il y avait naturellement entre eux une vieille querelle.

— Et alors, me dit Van den Eynde, quand j’ai su que j’étais pris et que c’était fini et bien fini, c’est comme si tout à coup des flammes m’avaient passé sur la figure ou la foudre devant les yeux, ou encore comme si quelque chose d’énorme et d’affreux m’était tombé sur le cœur et me l’écrasait d’un coup. Mais il faut avoir passé par là pour bien comprendre cela…

Je frissonnais, j’étouffais, et j’ai cru que j’allais tomber. Puis, longtemps, je n’ai pu ni manger, ni dormir, ni penser à autre chose, surtout le matin. Je me disais tout le temps : Je vais mourir, mourir ! et je n’ai pas trente ans.

Maintenant, cela va mieux, mais j’évite encore de parler de la chose, car les autres, qui sont très gentils avec moi, ont ensuite l’air gêné quand ils apprennent mon malheur et je sens, après, que ma compagnie les dégoûte. Évidemment, en me voyant, ils pensent qu’à tout moment la même catastrophe peut leur tomber dessus ; c’est si naturel de leur part.

— Ce sont des froussards et des imbéciles, affirmais-je. Quant à votre pharmacien, c’est un simple malfaiteur. Il a peut-être menti, en somme, car vous étiez en