raconter une histoire ; l’histoire de Van den Eynde, du district de Kivu.
— Racontez toujours, mais tous les Van den Eynde du monde ne me feront pas changer d’avis.
Et d’abord, prenez un whisky.
Premier terme ou deuxième terme ?
— Cinquième, si vous le voulez bien.
Je verse la bonne liqueur dans le verre massif, et le boy du bar, simplement vêtu d’un kanzou, sorte de longue et légère blouse blanche, y précipite le jet mousseux d’un siphon.
Coupal boit une gorgée, puis commence.
V
Administrativement, l’endroit se dénomme « Gîte d’Étape de Campi Na Mouchanga », sur la route de Stanleyville-Irumu. Littéralement, c’est une clairière, et pratiquement un trou ou plutôt un puits. Simple question de rapport de hauteur à diamètre d’ailleurs.
Car le défrichement où s’élève la cabine du gîte n’est long que d’une cinquantaine de pas au maximum, tandis qu’alentour, à une soixantaine de mètres de haut, la forêt colossale étale au-dessus du sol les nappes horizontales et denses de son feuillage touffu.
Si bien que, quatre heures par jour seulement, le soleil parvient à frapper le toit en feuilles pourries du gîte et aussi, par places, le culbutis avoisinant d’arbres abattus.