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bruyamment se laver avec un affligeant bruit de fontaine. Non, elle rajuste son pagne puis s’éclipse discrètement.

— Tout cela, Coupal, c’est l’actif de la femme noire. Voyons maintenant le passif : l’odeur !

— On s’y fait.

— La poitrine flasque.

— Question d’âge, juste comme pour la blanche, et puis, quelle cambrure.

— La bouche lippue.

— Ingrat, n’en dites pas de mal.

Et Coupal me regarde de biais en riant. Je ris aussi, mais reprends :

— Et… la blanche qui, elle, respecte vos tympans.

— La blanche, fait sérieusement Coupal, exception faite des mères de famille — celles qui élèvent leurs enfants, naturellement — des femmes qui travaillent et des sœurs de charité, la blanche, du moins celle qui se croit avant tout un objet d’agrément, la blanche est une méchante bête.

Elle ne cesse jamais de vous causer des ennuis, de vous brouiller avec votre famille, de vous tromper avec votre vieil ami d’enfance. Si vous demandez un conseil, elle parlera légèrement des choses sérieuses et sérieusement des choses futiles. Et elle n’a aucune considération pour vous, si ce n’est celle que marque à son banquier un créancier avide et peu scrupuleux.

— Coupal, de nouveau, vous allez fort !

— Pas du tout, et pour vous le prouver, je vais vous