de pauvres couples… femmes exsangues, jeunes hommes livides, tandis que des broussards aux faces plus énergiques, barbes incultes sur visages jaunes, bruns ou verts, les contemplent d’un air intéressé mais las.
Et la sueur perce les vestes de toile et les robes légères, elle ruisselle aussi des fronts décolorés.
Autour de la grosse lampe centrale, des termites fragilement empennés de gaze légère, des phalènes en soie et de gros papillons qui semblent vous regarder par les quatre yeux de leurs ailes, dansent en décrivant des orbes folles.
Parfois un monstrueux vampire vient tourbillonner par saccades dans la salle et les boys l’en expulsent à grands coups de balai au milieu des cris et des rires trop aigus de femmes énervées.
Et de partout, par les fenêtres et les portes ouvertes, par les fentes des murs en roseau, la nuit équatoriale pénètre avec son air humide et lourd dont on sent peser la nuisance ; un air où se mélangent l’odeur de terre trempée, de bois pourri et de surabondants feuillages et aussi le parfum si prenant de grandes fleurs étranges.
Du dehors, en de sombres visages attentifs qui garnissent portes et fenêtres, des yeux qui suivent les enlacements des danseurs luisent tout blancs et comme chavirés de convoitise ; …les nègres regardent danser les femmes blanches…
Ivre sur une banquette du bar, un artisan blanc ronfle avec fracas.