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TOUS les éléphants du pays se donnent l’unique rendez-vous d’un jour, autour de l’ancêtre mâle à QUATRE défenses que gardent jalousement, bien loin des yeux humains, des hardes de femelles farouches.

Et sans toutefois l’abattre, il a fait lever, hennissant, le mystérieux okapi au cou de girafe, au fauve corps de cheval sur lequel tranchent bizarrement les zébrures noires et blanches de ses membres disproportionnés. L’okapi, énigme zoologique que nul blanc ne peut tuer et qui, par les matins blêmes d’humidité, se glisse silencieusement des futaies encore sombres vers les marécageux halliers pour y cueillir circulairement, de sa longue langue bleue, son repas de feuillage.

Herbes et fruits, racines et feuilles, gibiers et fauves, reptiles et hommes, Coupal connaît tout de la forêt et toute la forêt.

Aussi, a-t-il coutume d’affirmer qu’il sait y vivre et en vivre, tout comme l’horrible nain couleur de cuivre, ce que nul blanc ne s’est avisé d’essayer.

Et pour cause.

Toutefois, ajoute modestement Coupal, je ne puis y vivre sans tabac.


II

Par une baie restée ouverte, nos regards plongent dans la salle centrale du club ; le cercle sportif de la TSCHOPO, local singulier, au sol natté, au plafond de toile brune, aux murs de roseau soutenus par des plinthes et des lambris d’acajou massif.