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Même dans le centre africain, où, naturellement, les caractères tranchés ne manquent pas, Coupal tranche encore crûment sur les autres. Force et ruse, entêtement et courage, adresse et succès, ce vieux vagabond canadien a tout pour lui, du moins tout ce qu’il faut là-bas.

Sous ses pas, l’or semble littéralement pousser. Il en a gagné des fortunes, rapidement gaspillées d’ailleurs.

Il ne craint pas non plus, l’ayant blessé, de suivre dans les fourrés, sur sa piste sanglante, le terrible petit bœuf rouge de la forêt et de faire relever la brute, affolée et furieuse, de la flaque de boue où elle agonise. Un coup de grâce au front et à bout portant, juste au-dessous du blindage des cornes naissantes, et le redoutable monstre s’effondre avec le mugissement du buffle frappé à mort ; épouvantable cri que nul, l’ayant entendu, ne peut se rappeler sans en frémir encore.

Sous un mètre d’eau, Coupal sait voir puis tuer, à la carabine ou à la lance, les longs poissons visqueux qui, tête au courant et si immobiles qu’on les croirait en pierre, séjournent habituellement dans les rapides des grands fleuves aux eaux sombres.

Il sait même appeler, en aboyant dans les savanes, le bushbok en mal d’amour et aussi, en miaulant, la petite antilope bleue de la forêt qui erre entre les buissons denses.

À trente lieues de toute hutte, il a trouvé la clairière au sol damé où, une fois l’an, dans un but inconnu,