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Tout d’abord, ce livre est sincère ; plus que sincère même, il est vrai.

Les personnages que l’on y voit s’agiter, souffrir et mourir, ont vécu et vivent encore au Congo Belge. Et encore actuellement, dans les grands hôtels resplendissants de Kinshassa la luxueuse, dans les factoreries bondées de pacotille de Léopoldville la délabrée, sur les quais effroyablement brûlants de Matadi, des rochers nus, autour des petites tables garnies de cuivre, sous les plafonds bas, des bars des steamers en route vers l’Europe, vous pouvez les coudoyer tous les jours.

Et si par hasard, l’envie vous prenait d’aller plus loin, plus loin encore… de quitter les côtes pour vous enfoncer au cœur du pays, pour aller au delà des endroits où toussent, crachent, fument, ronflent, détonent et puent les derniers moteurs à vapeur ou au pétrole ; si l’envie vous prenait de parcourir, au trot houleux de porteurs de tipoye[1], la haute brousse

  1. Le tipoye est une chaise à porteurs du même type que le filanzane.