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104 REVUE D’HISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE.

LES ANNOTATIONS DE ROUSSEAU AU LIVRE « DE L’ESPRIT »

Je ne crois pas inutile de mettre tout d’abord sous les yeux du lecteur le texte exact et intégral, — qui, à ma connaissance, n’a pas encore été publié, — des annotations de Rousseau au livre De V Esprit. On verra plus loin comment ce texte, mieux examiné, peut aider à la solution de quelques difficultés. L’histoire de ce précieux exemplaire est connue, et je n’ai pas à la refaire ^ Acheté par Louis Dutens à Rousseau au moment oiî celui-ci allait quitter l’Angleterre, il est conservé aujourd’hui à la Bibliothèque nationale. Réserve, R. 895’^ Dutens a extrait de ces observations ce qui lui paraissait le plus intéressant, et l’a publié dans ses Lettres à {{M.|D [e] B \ure\, sur la réfutation du livre De l’Esprit {d’Helvétius) par J. J. Rousseau avec quelques lettres de ces deux auteurs, Londres et Paris, 4779, 1 vol. in-12. Ce sont ces extraits, arbitrairement choisis et très incomplets, qui ont passé depuis lors dans toutes les éditions ^ Cependant, sur cinquante-deux notes ou indications marginales, on n’en trouvera que vingt-sept, — les plus importantes, il est vrai, — dans l’édition Hachette, XII, p. 298-304. Voici donc le relevé complet de ce que

nous offre l’emplaire original^ : de l’esprit. | Unde animi

constet natura videndum, \ Qua fiant rations et qua vi quaeque gerantur \ In terris \ Lucret. De rerum natura. Lib I. |

1. Cf. Albert Keim, Helvétius, sa vie et son œuvre, Paris, Alcan, 1907, in-8, p. 437, 464-5.

2. Ce n’est pas le seul livre annoté par Rousseau que possède la Bibliothèque Nationale. Il y a à la Réserve, R. 2032, un exemplaire de Charron, De ta Sagesse, Rouen, Le Villain, 1618, donné à Rousseau par la Marquise de Créqui, et qui porte sur le litre et aux pages 43 et 718 des notes autographes.

3. Le texte le moins incomplet qui en ait été publié se trouve dans le Magazin encyclopédique, t. 1, Paris, An III (1795), p. 329-342.

4. Les phrases ou mots en italiques d&ns les notes de Rousseau désignent ceux que ne donne point l’édition Hachette. Lts signes (croix, astérisques, etc.) qui terminent les citations du texte et commencent les annotations sont à peu près ceux que Rousseau a marqués lui-même sur son exemplaire pour repérer les passages auxquels se réfèrent ses remarques. J’ai mis entre parenthèses les lettres qu’il a fallu suppléer ou remplacer.

    — P. 230. Rousseau avait certainement lu le Traité des sensations : très lié avec Condillac, il avait lu l’Essai sur l’origine des connaissances humaines (Confessions, VIII, 246), le Traité des animaux, auquel il fait une allusion dans la Profession de foi (II, 268) ; et l’une des notes qu’il a mises sur son exemplaire de L’Esprit montre qu’il connaît la théorie sensualiste du Traité des sensations (XII, 304). — P. 250. La citation d’Helvétius faite par Rousseau (Emile, II, 310) ne se trouve pas dans la Profession de foi. — P. 256 : « Œuvres, XVIII, p. 293 » ; lire : VIII.