Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

pour prendre la mer et gagner l’Amérique ; qu’il fût obligé de quitter Rochefort et l’île d’Aix ; que la terre se fermât derrière lui et aussi la mer, cela n’a rien à voir avec ce qu’a dit et fait Maitland : celui-ci et l’amiral Sir Henry Hotham l’ont accueilli et traité comme un hôte ; son caractère n’a pu changer du simple fait qu’il a plu au ministère anglais de le changer, même si l’Europe y acquiesçait et s’en rendait complice. Ce fait domine toute la captivité de Napoléon ; il en proclame l’iniquité, il en explique les péripéties ; il caractérise les luttes que Napoléon devra subir contre ses geôliers. Dès lors qu’on le traite en prisonnier, l’Empereur abdiqué ne peut plus se tenir à l’incognito qu’il eût admis comme hôte. Il revendique toutes les dignités que la libre volonté du peuple français a accumulées sur sa tête ; il revendique l’onction sacrée que le Souverain Pontife a imprimée à son front ; il revendique son titre d’Empereur et le traitement de Majesté Impériale, que lui ont reconnus tous les souverains d’Europe. Sous peine de déchoir lui-même, sous peine de déshériter son fils de cette imaginaire succession qui peut être l’Empire du Monde ; sous peine de reconnaître et d’avouer que, durant vingt années, tout ce qu’a fait la nation française fut illégitime, en la prison où l’Angleterre, exécutrice des œuvres de l’Europe, va le confiner et le détenir, il est condamné, par sa conscience et par la puissance du Droit national, à être à perpétuité l’Empereur. — Et