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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

que ce fût de ses arrangements vis-à-vis de Napoléon. Si elle n’avait pu écarter l’idée de commissaires nommés par les puissances et résidant à Sainte-Hélène, parce que cette idée avait été d’abord suggérée par Castlereagh lui-même, elle avait eu soin, par le texte même des conventions, de réduire leur mission à constater l’existence de Napoléon. Les principes mêmes d’économie que professaient alors les ministres avaient cédé devant cette inébranlable volonté de disposer uniquement de l’Empereur. Liverpool ayant tiré de l’institution des commissaires cette conséquence que Napoléon, étant le prisonnier de l’Europe, devait être défrayé par l’Europe, Castlereagh n’eut point de peine à le faire renoncer à exiger cette répartition de dépenses par quoi les Alliés se trouveraient autorisés à exercer un contrôle ou une surveillance. L’Angleterre, qui seule allait profiter de la victoire de l’Europe ; qui, à la chute de Napoléon, gagnait, pour un siècle au moins, la domination de la mer ; l’Angleterre qui, seule, depuis vingt années, entretenait une guerre dont elle connaissait l’enjeu, pouvait, en vérité, payer les frais de la prison. Seulement, il y avait des formes à conserver ; l’hypocrisie anglaise y excellait. Le ministère pouvait se trouver mal d’avoir exercé ce droit de la force et d’avoir retenu Napoléon Buonaparte en une captivité illégale ; mais si l’Angleterre, en ce cas, n’agissait que comme déléguée de l’Europe, le ministère ne serait-il pas couvert par