Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
DE QUEL CÔTÉ LE DROIT ?

de l’édifice ; ils passaient pour représenter essentiellement le Droit divin et le système monarchique, et si peu qu’on les aimât, si peu qu’on les estimât, si peu qu’on se fiât à leur loyauté, leur restauration, à présent que l’Europe les avait mis en posture de rois, était la condition, la preuve et la formule même de sa victoire. Très nouvellement, on lui avait révélé la solidarité royale ; certains, qui n’y croyaient point un an plus tôt, lorsqu’ils songeaient à un Bernadotte pour roi de France, s’en étaient entichés au point que tout cédait là devant. Si les engagements pris avec les Bourbons se trouvaient valides, ceux pris avec des hommes tels que Buonaparte et Murat ne l’étaient point. Vis-à-vis d’eux, il n’y avait que le bon plaisir de l’oligarchie européenne, selon quoi les engagements les plus solennels étaient annulés, la qualité des êtres changée et leur caractère transformé. Il avait suffi que, « au nom de la Sainte et Indivisible Trinité », les ministres des souverains eussent décrété que Napoléon Buonaparte avait rompu le traité de Fontainebleau pour que cette rupture lui incombât, et, de même qu’il était le prisonnier de l’Europe, pour que l’hospitalité qu’il avait réclamée de l’Angleterre devînt justement la captivité.

Toutefois, si, pour violer ses propres lois tout en gardant les hypocrites apparences de la nation hospitalière et généreuse, l’Angleterre s’était retirée derrière l’Europe, elle ne se souciait point, ce fait étant acquis, que l’Europe entrât dans quoi