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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

rains : l’équipage entier dans les vergues et le gréement, les soldats sous les armes. À ce déjeuner, il fut convenu qu’on embarquerait, outre les deux voitures et les chevaux que Maitland avait accepté de recevoir, six voitures et quarante-cinq des chevaux restés à Rochefort. L’ordre fut adressé au capitaine Philibert, qui, même s’il en avait eu la volonté, n’avait aucun moyen de l’exécuter.

On revint au Bellerophon vers midi. Par ordre de l’amiral, tous les bâtiments anglais en rade avaient envoyé les équipages dans le gréement et sur les vergues. Comment penser que ce fût à un prisonnier et non à l’hôte impérial que fussent rendus de tels honneurs ? À peine à bord, on leva l’ancre : le Bellerophon, accompagné du Myrmidon, sur lequel étaient embarquées les personnes de la suite qui n’avaient point trouvé place sur le vaisseau, devait se rendre en toute diligence à Torbay ; un officier du Superb et un officier du Bellerophon y prendraient la poste pour porter à Plymouth et remettre à l’amiral Lord Keith les dépêches de Hotham et de Maitland.

La traversée fut belle, mais longue : le Bellerophon n’arriva à Darmouth que le 24. L’Empereur, persistant dans sa confiance, faisait « quantité de questions sur les mœurs, les coutumes, les lois de l’Angleterre, et répétait souvent ce qu’il avait dit le premier jour qu’il avait passé à bord : savoir qu’il fallait qu’il prît tous les renseignements possibles sur ces objets, afin de pouvoir s’y conformer,