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LE BELLEROPHON ET LE SUPERB

Le Superb étant à portée, le capitaine Maitland alla rendre compte à l’amiral : « Je pense, lui dit-il, que j’ai bien fait et que le Gouvernement approuvera ma conduite, ayant considéré qu’il était de beaucoup d’importance d’empêcher le départ de Buonaparte pour l’Amérique et de prendre possession de sa personne. » Sir Henry Hotham répondit : « Gagner de le prendre, en quelque condition que ce fût, était de la plus grande conséquence ; mais, comme vous n’êtes entré avec lui dans aucune condition quelconque, il ne peut y avoir aucun doute que vous n’obteniez l’approbation du gouvernement de Sa Majesté. »

Ainsi Maitland considérait non seulement possible, mais probable, que l’Empereur eût passé en Amérique ; ainsi n’était-il pas sans s’inquiéter du rôle qu’il avait joué ; et l’amiral n’approuvait sa conduite que sous la réserve qu’il n’eût stipulé aucune condition ; il lui indiquait même une nuance qui eût pu lui sembler inquiétante.

Invité par Maitland d’abord, puis par le général Bertrand, à venir voir l’Empereur, Sir Henry Hotham est retenu à dîner à bord du Bellerophon. C’est l’empereur qui traite ; ce sont les gens de l’Empereur qui servent ; et l’Empereur « se considère comme personne royale », prenant partout la première place. Cela étonne Maitland. L’Empereur est bien mieux reçu par Hotham lorsque, le 16, étant venu déjeuner à bord du Superb, l’amiral lui rend, sauf le canon, les honneurs souve-