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MISSION DE M. LE COMMANDANT DE RIGNY

mandant de navire à livrer un proscrit, hier son souverain, librement réfugié à son bord — ou, pour peu que cet officier eût d’honneur, contre cette frégate, sur le signal donné par M. de Rigny, le Bellerophon et le Superb, la Méduse et l’Épervier se fussent mis en ligne au même signal ; les batteries de terre et de mer eussent ouvert à bout portant le feu sur le navire rebelle à la trahison, jusqu’au moment où il eût coulé à pic, où il eût péri, rival du Vengeur, laissant encore à la conscience humaine un plus admirable exemple et une leçon plus haute.

Lorsque le Bellerophon ayant l’Empereur à bord arriva à Torbay, l’amiral Lord Keith écrivit au capitaine Maitland : « Vous pouvez dire à Napoléon que je lui ai la plus grande des obligations personnelles pour l’attention qu’il a eue pour mon neveu qui fut pris et amené devant lui à Belle-Alliance et qui fût mort, s’il n’eût ordonné à un chirurgien de le panser immédiatement et ne l’eût envoyé dans une chaumière. Je suis heureux que cela soit tombé entre vos mains en ce moment (I am glad it fell into your hands.) parce qu’un Français avait été envoyé de Paris pour la mission,

    vant d’avoir des communications officielles avec M. l’amiral Hotham, commandant la station anglaise, je m’empressai de lui écrire en lui adressant en même temps les dépêches de M. Croker, secrétaire de l’Amirauté d Angleterre, dont j’étais porteur. Ces lettres furent remises à M. l’Amiral par M. le lieutenant de vaisseau Fleuriau que Votre Excellence avait bien voulu m’adjoindre. »