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MISSION DE M. LE COMMANDANT DE RIGNY

l’ignominie qu’il imposait au commandant de la Saale. Elles prouvent à quel point il redoutait que le préjugé de l’honneur militaire ne l’emportât sur le devoir envers le souverain légitime. M. de Jaucourt n’avait de celui-ci qu’une révélation récente ; pour celui-là, il en avait oublié les lois, ce maréchal de camp de 92, qui, pour ses campagnes au Tribunat, dans la maison de Joseph, au Sénat, mais surtout au Gouvernement provisoire, s’était fait promouvoir lieutenant général le 25 octobre 1814.

Aussi bien, vu cette compétence spéciale, M. de Jaucourt avait pris la haute direction de toute l’affaire. Ainsi avait-il rédigé l’ordre signé par le ministre de la Guerre, Gouvion-Saint-Cyr, et expédié au commandant de l’île d’Aix. Il y était formellement défendu à celui-ci de seconder par les forces sous ses ordres, le commandant de la frégate, et le ministre ajoutait : « Je vous ordonne dans le cas où Napoléon Buonaparte tenterait de s’évader en abordant à l’île d’Aix, de vous emparer de sa personne et de la remettre au commandant anglais. » Le général du Coëtlosquet — nommé à trente ans général de brigade par l’Empereur — avait été délégué par le ministre de la Guerre pour accompagner M. de Rigny.

Ces officiers arrivent à Rochefort le 18. Grâce à Bonnefoux, à Richard, à Philibert et à Beker, l’ordre de M. de Jaucourt en date du 10 n’a point été exécuté. L’Empereur est embarqué, il est à bord du