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MISSION DE M. LE COMMANDANT DE RIGNY

à tenter l’expérience d’un gouvernement constitutionnel.

Ils voyaient les conséquences d’un meurtre qui eût creusé un abîme entre la France et le roi qu’ils lui imposaient. Ils comprenaient quel soulèvement d’horreur eût secoué la nation et l’armée et comme on la ferait payer, cette tête ! S’ils n’avaient pas peur de cette universelle révolte, au moins ne jugeaient-ils pas à propos de la provoquer.

Cette pression qu’ont exercée les représentants des Alliés à Paris est révélée par la lettre que Lord Liverpool répond le 15 au vicomte Castlereagh : « Si vous parvenez, écrit-il, à vous mettre en possession de sa personne (la personne de Napoléon), et que le roi de France ne se sente pas assez fort pour le livrer à la justice comme rebelle, nous sommes prêts à prendre sur nous la garde de sa personne au nom des Puissances alliées, et, en vérité, nous pensons qu’il sera mieux qu’elle soit confiée à nous qu’à aucun autre membre de la confédération. » Et, dès lors, Lord Liverpool annonce que le Ministère incline fortement à l’opinion « que la meilleure place pour la prison (Custody) serait à une distance de l’Europe et que le Cap de Bonne-Espérance et Sainte-Hélène seraient les meilleurs endroits pour ce dessein ».

Cette dépêche de Lord Liverpool supplée à la lettre non retrouvée de Castlereagh dont elle résume l’esprit. Ainsi se trouve expliqué dans