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CE QUE LES ROYAUX EUSSENT FAIT DE NAPOLÉON

et Baudin qui, de près ou de loin, s’étaient occupés de soustraire Napoléon à son sort.

Par ces exécutions auxquelles présida M. de Jaucourt, l’on peut juger à quel point certains membres du Conseil du roi s’étaient trouvés déçus par le départ de l’Empereur. Que prétendaient-ils donc faire de lui ?

D’abord, pour les Bourbons comme pour les Anglais, le point essentiel était d’empêcher que, en se livrant par un acte volontaire, en se plaçant spontanément sous la protection des lois anglaises, en réclamant de l’Angleterre un asile, il ne parvînt à se soustraire à la condition de prisonnier. Étant pris, même désarmé, mais malgré lui et contre sa volonté, l’homme qui était au ban de l’Europe était justiciable soit de l’Europe — mais alors devant quel tribunal ? — soit de la monarchie que l’Europe venait encore de restaurer et qui, selon les opportunités, pouvait envisager Napoléon comme rebelle, en tant que sujet — ce qu’il n’était point — ou comme flibustier, cela en vertu du traité de Fontainebleau, dont elle avait violé chacune des clauses. Cela n’était point fait pour l’embarrasser, ni d’ailleurs l’Angleterre, laquelle avait d’abord adopté cette hypothèse.

« Si nous prenons Buonaparte, avait écrit le 7 juillet Lord Liverpool à Lord Castlereagh, nous devons le garder à bord du vaisseau jusqu’à ce que l’opinion des Alliés ait pu être recueillie. La mesure la plus commode sera de le remettre au