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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

quelque chance de succès, est celui de se confier à Baudin. Sans doute Baudin n’a, comme il l’a écrit lui-même, « aucune affection pour cet homme, ni même aucune compassion pour son malheur », mais « puisque cet homme n’a pas pu, n’a pas su mourir », il voudrait qu’il ne tombât pas « vivant entre les mains de ces infâmes Anglais », et il ne négligerait rien pour le sauver. Or, ce glorieux manchot, dont la réputation d’audace n’est plus à faire, a la fortune en poupe, mais il faudrait que l’Empereur gagnât par terre Royan, où sont les corvettes, et, en vertu des ordres qu’il a reçus de ne point laisser Napoléon, une fois embarqué, reprendre terre, Beker s’y oppose.

Le 13, l’Empereur a pris son parti : le 14 au matin, il envoie en parlementaires au Bellerophon, Las Cases et le général Lallemand. Las Cases reparle des sauf-conduits, du voyage en Amérique ; Maitland répond simplement : « Je ne suis autorisé à acquiescer à aucun arrangement, mais je crois pouvoir prendre sur moi de recevoir l’Empereur à mon bord pour le conduire en Angleterre », et peut-être ajoute-t-il, comme il l’a écrit plus tard : « Toutefois, je ne puis faire aucune promesse sur les dispositions de mon gouvernement à son égard, puisque, dans le cas que je viens de supposer, j’agirai sous ma propre responsabilité sans être même certain que ma conduite obtiendra l’approbation du gouvernement. » Puis, il parle d’arrangement, d’accueil convenable, des